Franco-lavage: la fin de l’arnaque?

Le Made in France fait vendre, et souvent plus cher. Les marques et les entreprises indélicates l’ont bien compris et certaines n’hésitent pas à utiliser le drapeau tricolore pour tromper les consommateurs et les inciter à acheter. C’est que l’on appelle, le franco-lavage ou « french washing ». Des initiatives (comme la dernière pétition lancée par Yves Jégo) se multiplient pour lutter contre cette pratique qui brouille les cartes et dupe les consommateurs. En quoi consiste cette pratique et quelles sont les solutions proposées pour la contrer? On vous dit tout.

Qu’est-ce que le franco-lavage ou French Washing ?

Derrière le terme de franco-lavage ou french-washing se cache une pratique qui existe malheureusement dans de nombreux secteurs. A l’instar du greenwashing, qui vise à rassurer les consommateurs quant aux pratiques écologiques et responsables des entreprises, le french-washing est également une méthode trompeuse. Elle consiste à apposer un logo aux couleurs de la France, un drapeau tricolore ou encore une mention qui crée la confusion dans l’esprit des acheteurs. Le consommateur a de cette façon l’impression que le produit est fabriqué en France ou qu’il est issu d’un savoir-faire national alors qu’il provient de l’étranger.

Pour mieux comprendre ce phénomène, rien de tel qu’un exemple parlant. La tromperie avait parfaitement été illustrée dans un reportage du magazine Capital (M6) datant du 13 décembre 2020. Pour les besoins du tournage, Anthony Vitorino, Rédacteur en chef du magazine « Produire en France » et l’équipe de tournage se sont rendus dans un magasin Lacoste installé à Paris. Au détour des rayons de nombreux liserés bleu-blanc-rouge et crocodiles aux couleurs de la France ornent les vêtements de la marque. Mais en y regardant de plus près, les étiquettes indiquent un très clair Made in Vietnam. Un exemple flagrant donc de franco-lavage pour cette entreprise française de renom.

Comment signaler cette pratique?

Cela peut surprendre, mais cette pratique choquante du franco-lavage n’est pas illégale si l’indication d’origine Made in France n’est pas apposée sur le produit ou le packaging. Alors, impuissants face à cette pratique?

Les consommateurs peuvent jouer un rôle dans la lutte contre le franco-lavage. En effet, il est possible de signaler les pratiques trompeuses rencontrées en boutique, en ligne ou dans les médias à la Fédération Indépendante du Made In France (FIMIF). Pour cela il suffit de se rendre sur le site de la fédération et de remplir le formulaire de signalement. Pour les cas de fraudes les plus graves, la FIMIF se charge de transmettre le dossier à la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) pour lancer des vérifications.

Des personnalités du Made in France, comme Yves Jégo, jouent également régulièrement le rôle de lanceurs d’alertes en épinglant publiquement les cas avérés de franco-lavage (dernièrement Le temps des cerises, Célio, Le coq sportif… à retrouver sur son fil twitter).

Une initiative originale : la pétition lancée par Yves Jégo

Face à une législation floue et permissive, certains essayent de créer un cadre juridique plus contraignant. C’est l’esprit de la pétition lancée sur le site internet change.org par Yves Jégo, directeur de la publication du magazine « Produire en France ». Avec l’obtention d’un grand nombre de signatures, l’ancien député compte donner du poids à son combat et obtenir le vote d’une loi interdisant l’utilisation du drapeau français sur les produits qui ne sont pas fabriqués en France. Dans la note de présentation de la pétition il explique: « L’interdiction du drapeau français sur du «made in China» clarifierait les choses. C’est une démarche de bon sens qui limitera les tromperies et protégera la production nationale ». Il a également écrit à tous les députés et sénateurs pour les sensibiliser sur le sujet.

C’est une démarche de bon sens qui limitera les tromperies et protégera la production nationale

Yves Jégo

De nombreuses voix se lèvent donc pour faire barrage au franco-lavage et apporter plus de transparence aux consommateurs. Ailleurs en Europe, des initiatives de ce type sont également proposées à l’instar du label “Swiss Made” qui réglemente désormais l’utilisation du drapeau Suisse sur les produits. Il est donc possible de faire bouger les lignes sur le sujet. Cette mesure de bon sens aurait par exemple toute sa place sur les programmes de nos nombreux candidats aux Présidentielles 2022. Il ne reste plus qu’à savoir si les lobbys de l’industrie et du commerce seront prêts à jouer le jeu !

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